Les différentes espèces de couleuvres de France

En France, la couleuvre vipérine porte un nom trompeur : elle n’est pas une vipère, mais bien une couleuvre inoffensive. Certaines espèces peuvent dépasser un mètre, tandis que d’autres restent discrètes et rarement observées.

Le statut de protection varie selon les régions et les espèces, certaines bénéficiant de mesures particulières tandis que d’autres restent menacées par la disparition de leur habitat. Les couleuvres françaises présentent des comportements, des régimes alimentaires et des adaptations très différents, malgré une apparence parfois similaire.

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Couleuvres et vipères : comment les distinguer facilement ?

Distinguer une couleuvre d’une vipère ne relève pas du casse-tête pour qui sait observer. La confusion s’installe souvent, alimentée par la peur ou l’ignorance, alors que certains indices sautent pourtant aux yeux.

Premier réflexe à adopter : jeter un œil à la pupille. Les couleuvres affichent une pupille parfaitement ronde et noire, bien nette. En face, la vipère exhibe une pupille verticale, étirée comme un trait de plume, qui rappelle celle d’un chat. Ce détail, même visible à distance, suffit souvent à lever le doute.

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Autre élément à repérer : la forme de la tête et les écailles. La couleuvre a une tête allongée, recouverte de grandes écailles régulières, tandis que la vipère présente une tête triangulaire, plus courte, couverte de petites écailles rugueuses. Il arrive qu’une couleuvre comme la vipérine (Natrix maura) joue l’imitation, mais elle reste totalement inoffensive pour l’humain. Le vrai danger ne vient que des venimeuses : vipère aspic (Vipera aspis), vipère péliade (Vipera berus), vipère de Seoane (Vipera seoanei) et vipère d’Orsini (Vipera ursinii).

Pour résumer les différences les plus visibles, quelques points méritent une attention particulière :

  • Couleuvres : pupille ronde, grandes écailles sur la tête, corps élancé, tendance à fuir rapidement.
  • Vipères : pupille verticale, petites écailles, tête triangulaire, corps épais, déplacement lent.

Le venin marque également la frontière : seules les vipères françaises représentent un risque pour l’homme avec leur venin. Les couleuvres, à l’exception de la couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), ne présentent aucun danger, et cette dernière ne peut même pas injecter son venin à l’homme. La France héberge entre huit et dix espèces de couleuvres et quatre espèces de vipères, chacune participant à la richesse discrète de nos milieux naturels.

Les couleuvres de France : un aperçu des principales espèces

Au rythme des saisons, la diversité des couleuvres françaises s’exprime dans chaque recoin du territoire. Entre huit et dix espèces de couleuvres vivent en métropole, chacune avec ses préférences, ses habitudes, son allure et sa palette de couleurs. Certaines sont familières, d’autres passent presque inaperçues.

Pour mieux cerner cette diversité, voici les espèces les plus représentatives :

  • Couleuvre à collier (Natrix natrix) : très présente, elle affectionne les zones humides et se repère facilement grâce à son collier jaune pâle à la base de la tête. Agile, c’est l’acrobate des mares et rivières.
  • Couleuvre vipérine (Natrix maura) : spécialiste des eaux stagnantes, elle arbore un motif dorsal en zigzag qui rappelle la vipère, mais elle ne présente aucun danger pour l’homme.
  • Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus) : rapide, parfois nerveuse si on la dérange, elle se reconnaît à ses taches mêlant vert et jaune. Elle fréquente surtout les zones ensoleillées du sud et de l’ouest.
  • Couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus) : longue, fine, discrète, elle n’hésite pas à grimper dans les haies ou les arbres, loin du tumulte.
  • Coronelle lisse (Coronella austriaca) et coronelle girondine (Coronella girondica) : deux espèces effacées, que l’on retrouve dans les sous-bois, les vieux murs et les amas de pierres.
  • Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus) : la plus grande, pourvue de crochets venimeux sans risque pour l’homme, elle impressionne plus par sa taille que par son danger.
  • Couleuvre à échelons (Rhinechis scalaris) : inimitable avec ses dessins en forme d’échelle, elle fréquente principalement le sud-ouest.
  • Couleuvre tessellée (Natrix tessellata) : rare, elle reste fidèle aux berges ensoleillées du sud-est, et échappe souvent même aux naturalistes chevronnés.

Chaque espèce trouve sa place : certaines sont partout, des jardins aux forêts, tandis que d’autres se cantonnent aux garrigues, aux rivières ou aux terrains rocailleux. Cette variété mérite d’être comprise et respectée, car elle enrichit silencieusement la biodiversité de notre pays.

Où observer les couleuvres : habitats et répartition sur le territoire

La France offre une diversité de milieux propices à l’observation des couleuvres, chaque espèce ayant ses exigences. Du bocage normand aux rivières du Languedoc, chacune trouve son terrain de prédilection. La couleuvre à collier (Natrix natrix) et la couleuvre vipérine (Natrix maura) raffolent des zones humides : bords de rivières, étangs, fossés, où elles glissent entre les roseaux et se montrent parfois à la surface de l’eau. La couleuvre tessellée (Natrix tessellata), bien plus rare, s’attache aux rives ensoleillées de certains cours d’eau du sud-est.

Pour les milieux plus secs, d’autres espèces prennent le relais. La couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus) fréquente les haies, les lisières de forêts et les garrigues du sud-ouest et du centre. La couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus) s’installe dans les maquis, les vignes et les terrains rocailleux, notamment en Provence et en Languedoc. La couleuvre à échelons (Rhinechis scalaris) privilégie le sud-ouest, profitant des murs de pierres sèches et des friches brûlées par le soleil.

Les coronelles (lisse et girondine) choisissent la discrétion, se faufilant dans les vieux murs, les éboulis ou sous les pierres. Quant à la couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus), elle grimpe dans les arbres, se glisse entre les ronces et explore les lisières boisées du sud-ouest et de l’ouest. Observer une couleuvre en France suppose donc de connaître les habitats qu’elles affectionnent et de respecter leur tranquillité, car c’est là qu’elles déploient toute leur singularité.

couleuvres françaises

Pourquoi protéger ces serpents ? Rôle écologique et idées reçues

La préservation des serpents en France ne résulte ni d’une lubie, ni d’un engouement passager pour l’exotisme. Depuis 1976, la loi impose la sauvegarde de toutes les espèces de serpents rencontrées sur notre territoire, couleuvres et vipères confondues. Ces obligations sont appuyées par des textes européens comme la Convention de Berne ou la Directive Habitat, qui visent à protéger l’équilibre des écosystèmes.

Les couleuvres jouent un rôle fondamental dans la nature. Elles chassent les rongeurs et les amphibiens, limitant ainsi la prolifération de nuisibles dans les champs et les jardins. Ce service passé sous silence favorise l’équilibre de la chaîne alimentaire et réduit le recours aux produits chimiques dans l’agriculture. Sans elles, la pression sur les cultures grimperait, tout comme l’utilisation de pesticides.

Les préjugés ont la vie dure. Trop souvent, le serpent est associé au danger, alors que la majorité des couleuvres sont totalement inoffensives. Même la couleuvre de Montpellier, pourtant équipée de crochets, ne peut blesser l’homme. Les vraies menaces pèsent sur les serpents eux-mêmes : destruction des habitats, pesticides, accidents de tondeuse, routes. Des structures comme SOS Serpent et d’autres associations œuvrent sans relâche pour informer, rassurer et changer les mentalités.

Voici quelques points qui illustrent l’intérêt de protéger ces espèces :

  • Régulation naturelle des rongeurs
  • Maintien de la biodiversité
  • Protection légale depuis 1976
  • Mobilisation d’associations spécialisées

Regarder une couleuvre filer entre les herbes, c’est prendre la mesure d’un maillon discret mais précieux de la nature française. La prochaine fois qu’un serpent croise votre chemin, le réflexe ne devrait plus être la peur, mais la curiosité et le respect.

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