Aucun véhicule homologué ne circule aujourd’hui sur route ouverte en France sans intervention humaine possible à tout instant. La réglementation européenne encadre strictement chaque niveau d’automatisation, limitant la prise de contrôle totale par une intelligence artificielle. Les constructeurs annoncent régulièrement des avancées, mais les systèmes commercialisés restent cantonnés à des fonctions d’assistance avancée ou à des environnements restreints.
Les déploiements de navettes autonomes ou de prototypes de robotaxis demeurent expérimentaux, soumis à des protocoles rigoureux et à des dérogations temporaires. Les exigences en matière de sécurité et de responsabilité freinent toute généralisation à court terme, malgré la pression technologique et économique.
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Conduite autonome : comprendre les différents niveaux et ce que cela implique
Depuis 2014, la Society of Automotive Engineers (SAE) pose le cadre de la conduite autonome. Son référentiel a imposé une hiérarchie à six niveaux d’autonomie : de la voiture conventionnelle jusqu’au fantasme de la machine totalement indépendante. Cette classification s’est imposée comme la boussole des industriels, régulateurs et observateurs du secteur.
Pour mieux saisir les enjeux, voici comment se déclinent ces niveaux :
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- Niveau 0 : aucune autonomie. Toutes les décisions et actions sont entièrement assurées par le conducteur.
- Niveau 1 : assistance à la conduite. Régulateur de vitesse ou aide au maintien dans la voie, mais le volant ne quitte jamais vraiment les mains du conducteur.
- Niveau 2 : assistance avancée. Le véhicule combine plusieurs aides, gère accélération, freinage ou direction dans certaines conditions, mais l’humain doit rester vigilant et prêt à intervenir.
- Niveau 3 : autonomie conditionnelle. La voiture prend le relais dans des contextes précis, comme sur autoroute ou dans les embouteillages, mais l’humain doit pouvoir reprendre la main à tout moment sur demande du système.
- Niveau 4 : autonomie poussée. Le véhicule se conduit seul sur des trajets ou dans des zones définies, mais au-delà de ce périmètre, l’humain redevient indispensable.
- Niveau 5 : autonomie totale. Plus besoin de conducteur, ni de volant, ni de pédales. La voiture se charge de tout, peu importe la route ou la situation.
La plupart des voitures autonomes disponibles aujourd’hui s’arrêtent au niveau 2 ou, pour les modèles les plus avancés, au niveau 3. Même les solutions de conduite automatisée comme le « Drive Pilot » de Mercedes-Benz plafonnent au niveau 3 sur routes ouvertes. Impossible à ce jour de trouver un véhicule de niveau 5 homologué et accessible à tous. L’autonomie totale n’a pas encore quitté les centres de R&D et les circuits d’essai.
Niveau 5 : mythe ou réalité sur nos routes françaises ?
En France, la conduite autonome de niveau 5 reste un horizon lointain. Aucun véhicule roulant ici n’atteint cette autonomie totale, capable de tout gérer sans la moindre intervention humaine et dans toutes les situations. Les annonces des groupes comme Tesla ou General Motors rythment le calendrier médiatique, mais la voiture autonome de niveau 5 attend toujours son heure. Même la technologie Full Self-Driving (FSD) de Tesla, si souvent citée, ne dépasse pas le niveau 2 ou, dans certaines conditions, le niveau 3. Les projections des experts tablent sur dix à vingt ans avant de voir ce type de véhicule en usage courant sur nos routes.
Comme l’Allemagne ou le Japon, la France autorise la conduite autonome de niveau 3 dans un cadre très strict. Le Drive Pilot de Mercedes-Benz, homologué outre-Rhin et dans certains États américains, offre une autonomie conditionnelle : le conducteur doit pouvoir reprendre la main à chaque instant.
Des prototypes comme le Cruise Origin incarnent la volonté d’atteindre le full self-driving, mais leur usage reste confiné à des tests en ville dans des environnements soigneusement maîtrisés. Le feu vert pour une utilisation généralisée sur le sol français n’a encore jamais été donné. La véritable marche à franchir ne concerne pas uniquement la technique : la législation, la qualité des infrastructures, la question des responsabilités et l’acceptation par le public sont autant de freins. Tant que ces points restent en suspens, l’arrivée de la conduite autonome de niveau 5 sur nos routes demeure une perspective de long terme.
Où en est la France face à la voiture totalement autonome ?
En matière de voiture autonome, la France progresse avec prudence. Depuis 2021, il est possible d’expérimenter des véhicules autonomes de niveau 3 sur routes ouvertes, à condition de respecter un encadrement strict. Un opérateur doit toujours être prêt à reprendre la main, et les essais sont limités aux autoroutes ou à certains axes urbains. À ce stade, aucune marque ne propose de service public sans la présence d’un conducteur humain.
Plusieurs projets pilotes gagnent néanmoins du terrain. Sur certains sites, des navettes autonomes opèrent, souvent en partenariat avec Renault ou WeRide. Ces minibus électriques relient gares et quartiers d’affaires, ou desservent des zones périurbaines. Leur autonomie reste toutefois cantonnée au niveau 4 : il faut une intervention humaine dès qu’on quitte les scénarios très encadrés.
Mercedes-Benz, avec son Drive Pilot, a obtenu une homologation en Allemagne pour une autonomie conditionnelle et vise une extension en France. La législation française, cependant, reste prudente et avance au rythme de la société. D’autres pays européens, dont la Belgique, multiplient aussi les tests grandeur nature, sans aller jusqu’à autoriser des véhicules sans conducteur sur route ouverte.
Le robotaxi de Waymo, déjà testé à Phoenix, sert de laboratoire vivant pour l’Europe. En France, les pouvoirs publics observent, évaluent et ajustent le cadre réglementaire à chaque nouvelle étape. Les progrès techniques sont réels, mais la complexité des réseaux routiers, les attentes en matière de sécurité et l’exigence de clarté sur la responsabilité en cas d’incident pèsent encore lourd dans la balance.
Enjeux, promesses et limites d’une généralisation de l’autonomie complète
La conduite autonome de niveau 5 fait rêver autant qu’elle inquiète : on lui prête le pouvoir de réinventer la mobilité, mais la montagne technique, légale et sociétale à gravir est redoutable. Les constructeurs misent sur une armada de capteurs LIDAR, caméras, radars et capteurs ultrasoniques, orchestrés par une intelligence artificielle en perpétuelle évolution. Grâce aux systèmes de communication V2X (Vehicle-to-Everything), ces véhicules visent une autonomie intégrale sur tous les terrains, sans la moindre main humaine à la rescousse.
Mais la route vers l’autonomie complète reste semée d’embûches. Voici les principaux écueils :
- Responsabilité légale : en cas d’accident, la question reste posée, doit-on se tourner vers le conducteur, le constructeur ou l’éditeur du logiciel ? Les réponses tardent à s’imposer.
- Infrastructure routière : la signalisation, le marquage au sol et même la structure des routes devront évoluer pour garantir la fiabilité des systèmes de conduite autonome.
- Interopérabilité : pour que tout fonctionne, il faut synchroniser la communication entre véhicules (V2V), avec les infrastructures (V2I), ou avec les piétons (V2P). Un défi à l’échelle européenne.
Les promesses sont alléchantes : disparition des accidents liés à l’erreur humaine, circulation plus fluide, mobilité élargie à ceux qui en sont privés aujourd’hui. Pourtant, la réalité est tenace. Les véhicules entièrement autonomes ne devraient représenter qu’une poignée d’unités sur le marché mondial d’ici 2035. À la croisée de la technique, de la loi et de l’éthique, la révolution annoncée s’installe lentement. La route, elle, attend encore ses passagers fantômes.